La fabrique du parc – épisode 2

ÉPISODE 2 : LES BIENFAITS D’UN PARC EN VILLE POUR LA SANTÉ

 

Nature en ville : Quels effets sur la santé des habitants ?

 

La nature, source de nombreux bienfaits…

 

Les espaces de nature en ville sont sources de nombreux bienfaits pour les riverains et usagers. Depuis plusieurs années, de nombreuses recherches scientifiques mettent en lumière ces impacts positifs, à la fois sur la santé physique et psychologique des êtres humains. Dans un contexte de changement climatique, ces espaces deviennent également de plus en plus vitaux pour les habitants des grandes villes comme Marseille, qui subissent régulièrement des épisodes de fortes chaleurs. L’aménagement du parc du ruisseau des Aygalades, qui formera une continuité entre les parcs Billoux et Bougainville, est ainsi une réponse de taille à ces enjeux de bien-être en ville, offrant aux habitants ce qu’on nomme des « services écosystémiques ». 

Les services écosystémiques désignent « des biens et services que les Hommes peuvent tirer des écosystèmes, directement ou indirectement, pour assurer leur bien-être »[1]. Ces avantages peuvent être des biens matériels (bois, alimentation…) ou des services immatériels (bienfaits récréatifs, régulation de la température…). Ils peuvent être classés en quatre catégories : les services d’approvisionnement ou de production (alimentation, eau, matériaux…), de régulation des phénomènes naturels (températures, climat, épidémies…), culturels (bienfaits récréatifs, esthétiques, spirituels…) et de maintien, qui désignent tous les phénomènes permettant le maintien et le bon fonctionnement de l’ensemble des services écosystèmes (pollinisation, formation des sols…)[2].

Le parc du ruisseau des Aygalades n’a pas vocation à fournir des biens d’approvisionnement mais à offrir des bénéfices récréatifs, de régulation des phénomènes naturels et de filtration des polluants dans le but d’améliorer les conditions de vie des habitants. 

 

Les sols et les végétaux, des alliés contre la pollution de l’air…   

 

Tout d’abord la végétation et les sols non-artificialisés[3] ont des vertus d’absorption et de captation des polluants dans l’air. La capture des polluants par les plantes se déroule selon deux processus : soit au niveau des feuilles, soit au niveau des racines qui absorbent les polluants. La capacité d’un végétal à capter des polluants dépend des essences. En moyenne, un arbre absorbe 20 kg de particules présentes dans l’air[4] par an. Ces polluants sont notamment dus au trafic routier mais également aux activités industrielles et agricoles, au chauffage à gaz et au bois. La végétalisation de la ville permet ainsi de limiter la pollution atmosphérique et d’améliorer la qualité de l’air.  Cela représente un enjeu de santé publique au regard des conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé humaine : cancers, maladies cardio-vasculaires, aggravation de l’asthme...

Les sols ont également la capacité d’absorber et de stocker le dioxyde de carbone (CO2), un des principaux gaz à effet de serre responsable du changement climatique et dont l’augmentation des émissions est liée aux activités humaines.

 

… et pour la régulation des températures lors de fortes chaleurs 

 

Les sols non-artificialisés et les végétaux ont également un rôle important à jouer dans la régulation des températures, particulièrement lors d’épisodes de fortes chaleurs pouvant entrainer des phénomènes d’îlots de chaleur urbains. L’ilot de chaleur urbain est dû à l’effet des surfaces sombres (béton par exemple) qui absorbent la chaleur en journée combiné aux chaleurs produites par les activités humaines (trafic routier, climatisation…). Ce phénomène est l’un des problèmes majeurs auxquels sont confrontées les villes dans leur adaptation au changement climatique et apparait lors d’épisodes de fortes chaleurs et de canicules dans les milieux très urbanisés. Il se traduit par la formation d’un « dôme de chaleur » sur plusieurs heures (ou jours) durant lesquelles les sols stockent la chaleur et empêchent les températures de baisser, même durant la nuit[5].

Dans ce contexte, la présence de végétaux participe au rafraichissement de la ville. D’une part, les végétaux réfléchissent les rayons du soleil tandis que les revêtements sombres les absorbent.  D’autre part, l’évapotranspiration - qui désigne l’évaporation de l’eau liquide présente dans les sols et les végétaux sous la forme de vapeur d’eau - rafraîchit également la température de l’air. Enfin, les végétaux et plus particulièrement les arbres, apportent de l’ombre et protègent du soleil. Ainsi, la température ressentie peut réduire de 3 à 5°C grâce aux arbres d’ombrage[6]. Enfin, l’aménagement de parcs et de jardins permet de réduire la forte densité des bâtiments en milieu urbain et assure une meilleure circulation de l’air. 

 

 

Si les végétaux et les sols influent sur la qualité de l’air et sur la régulation des températures, permettant ainsi d’offrir des conditions de vie plus saines et agréables en ville, les parcs ont également un impact positif sur les pratiques des citadins, qui se répercutent autant sur leur santé physique que psychologique. 

 

La nature en ville, source de bien-être, de santé mentale et physique 

 

Tout d’abord, habiter à proximité d’un parc encourage la pratique sportive régulière (course, musculation…) et l’utilisation des mobilités actives (vélo, marche, roller…). Cela contribue d’une part à diminuer les risques de maladies cardiovasculaires et l’hypertension artérielle, et d’autre part à améliorer le bien-être mental. A titre d’exemple, la marche favorise une meilleure oxygénation du corps et du cerveau et permet de se décharger de certaines tensions, du stress, et renforce même le sentiment de confiance en soi[7]. Il a par ailleurs été démontré que passer au minimum quelques minutes par jour dans un parc suffisait à faire baisser le sentiment d’anxiété, de stress, de colère ou de tristesse chez les individus[8]. De manière générale, la fréquentation d’espaces de nature participe à réguler l’humeur, à limiter la rumination mentale[9], et à réduire l’apparition de troubles mentaux et de maladies.

 

Les parcs et jardins, vecteurs de liens sociaux

 

Le parc est également un lieu de rencontre : pour ses usagers il favorise la création de liens sociaux intergénérationnels et permet de lutter contre l’isolement, en particulier pour les personnes âgées[10]. Il offre un espace pour discuter et pour organiser des événements, notamment à travers le sport ou autres activités d’extérieur qui peuvent se pratiquer en collectif (jeux de ballon, yoga, dessin…)

 

La fréquentation d’espaces de nature, un avantage pour le développement psychomoteur des enfants

 

Enfin, si la fréquentation d’espaces verts est bénéfique pour l’ensemble des personnes, elle présente des avantages particuliers pour le développement cognitif et physique des enfants. Faire profiter les enfants d’espaces verts favorise le développement de meilleures capacités de concentration et de mémorisation en augmentant leur mémoire à court terme. D’autre part, la fréquentation d’espaces verts leur permet d’améliorer leur agilité[11].

 

 

En conclusion, les bienfaits de la nature en ville sont donc nombreux : régulation de la température en cas de fortes chaleurs, filtration des polluants, amélioration du bien-être mental, développement cognitif des enfants… Le futur parc du ruisseau des Aygalades, long d’un kilomètre, sera le lieu idéal et privilégié pour profiter de la végétation, se balader ou pratiquer des activités sportives, seul ou en groupe !

 

En attendant, l’ouverture du parc du ruisseau des Aygalades les usagers sont invités à se rendre autres parcs et espaces verts à proximité : le parc Bougainville, Billoux ou encore le futur jardin des Fabriques, un espace vert de 3 500m2 qui ouvrira en 2026. 


 

Sources 

 

[1] « Définitions et enjeux ». IRPN DREAL Hauts-de-France. Disponible sur : https://irpn.drealnpdc.fr/programmes/services-ecosystemiques/services-ecosystemiques-definitions-et-enjeux/

[2] « Les services écosystémiques ». Planet-vie. Disponible sur : https://planet-vie.ens.fr/thematiques/ecologie/les-services-ecosystemiques

[3] La loi « Climat et Résilience » adoptée en 2021 définit l’artificialisation des sols comme « l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol, en particulier de ses fonctions biologiques, hydriques et climatiques, ainsi que de son potentiel agronomique par son occupation ou son usage. » Autrement dit, l’artificialisation des sols menée dans le cadre de projets d’aménagement (construction de routes, de logements, d’équipements…) entraîne une imperméabilisation totale ou partielle des sols. En empêchant l’eau de s’infiltrer dans les sols, ces derniers ne peuvent assurer leurs fonctions dans la gestion des inondations, la régulation des températures, ou encore l’absorption du CO2. Cependant, certains sols artificialisés peuvent être perméables car non-recouverts de matériaux imperméables (béton, goudron...).

 « Artificialisation des sols ». Insee. Disponible sur : https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c2190

[4] « Végétaliser nos villes ». Agir pour la transition – ADEME. Disponible sur :  https://agirpourlatransition.ademe.fr/collectivites/elus-mandat-agir/cadre-vie/vegetalisation-urbaine

[5] « Îlot de chaleur urbain ». Géoconfluences. Disponible sur : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/ilot-de-chaleur-urbain

[6] Végétaliser nos villes ». Agir pour la transition – ADEME. Disponible sur :  https://agirpourlatransition.ademe.fr/collectivites/elus-mandat-agir/cadre-vie/vegetalisation-urbaine

[7] « Marcher, c’est bon aussi pour le mental ! ». Actu-Santé. Disponible sur : https://www.santemagazine.fr/beaute-forme/sport/marche-velo-jogging/marcher-cest-bon-aussi-pour-le-mental-173198

[8] « La nature au cœur des villes : les bienfaits des espaces verts sur la santé ». Idverde. Disponible sur : https://idverde.fr/blog/la-nature-au-coeur-des-villes-les-bienfaits-des-espaces-verts-sur-la-sante/

[9] La rumination désigne en psychologie le fait de ressasser des pensées négatives et de se concentrer sur des informations négatives. Cela peut augmenter chez les individus le risque de développer des épisodes dépressifs.

« Les dangers de la rumination ». Psychologue. Disponible sur : https://www.psychologue.net/articles/les-dangers-de-la-rumination

[10] « La nature au cœur des villes : les bienfaits des espaces verts sur la santé ». Idverde. Disponible sur : https://idverde.fr/blog/la-nature-au-coeur-des-villes-les-bienfaits-des-espaces-verts-sur-la-sante/

[11] « Les bienfaits de la biodiversité sur notre santé ». OFB – Office Français de la Biodiversité. Disponible sur : https://www.ofb.gouv.fr/la-biodiversite-lassurance-sante/les-bienfaits-de-la-biodiversite-sur-notre-sante