La fabrique du parc - épisode 5

Réemployer et réutiliser les matériaux dans l’aménagement futur 

Après avoir abordé les méthodes de dépollution et de réemploi des terres dans un précédent épisode (à retrouver ici), concentrons-nous aujourd’hui sur les objectifs et actions concrètes qui seront mises en place pour limiter le coût économique et écologique des matériaux utilisés dans l’aménagement. 

Le principe de réemploi dans l’aménagement 

Avant de regarder concrètement ce qui sera mis en place dans le cadre de l’aménagement du futur parc, il est intéressant de présenter la première expérimentation de réemploi mise en œuvre sur Euroméditerranée II, avec le Jardin d’expérimentation. Dans cet espace situé rue de Lyon, aujourd'hui fermé, le réemploi de différents matériaux a été testé. Par exemple, des pavés issus du chantier du tramway y ont été conservés et légèrement retravaillés

afin de pouvoir être réemployés dans le jardin des Fabriques. 

Le bilan carbone est 100 fois inférieur que l’achat et l’acheminement de pavés neufs issus en général du Portugal. 

Pavés, remblais, planches, grillages et même les plantes ont trouvés une nouvelle vie dans le jardin des Fabriques suite à la déconstruction de ce premier espace d’expérimentation. 

L’aménagement du futur parc du ruisseau des Aygalades s’inscrit dans la même logique, et permettra de mener une expérience de plus grande envergure. 

Transformer un ancien site ferroviaire, un défi de réemploi

La création du futur parc du ruisseau des Aygalades sur l’ancien site ferroviaire du Canet pose plusieurs défis de conception. Si elle diminue l’artificialisation des sols et permet de donner une nouvelle vie à un site aujourd’hui fermé au public, la transformation du site industriel en parc de grande ampleur doit se faire dans une logique de limiter les impacts écologiques (émission de co2, consommation de terre fertile, etc.).

La déconstruction de la friche industrielle génèrera de grandes quantités de matériaux dont la plupart peuvent être réemployés sur le chantier ou dans des filières dédiées. L’objectif est simple : favoriser au maximum l’utilisation de matériaux recyclés ou réemployés pour limiter l'extraction et le transport de nouvelles ressources

Ainsi, revêtements, mobilier et éléments de structures feront l’objet d’une attention particulière. Le choix de l’ensemble des fournitures et matériaux et de leur provenance sera fait en tenant compte de leur bilan carbone, c’est-à-dire leur impact environnemental.  

Pour y parvenir, plusieurs solutions seront mises en place : 

• Le réemploi des matériaux déjà présents sur site : les pavés, bordures, rails, et charpentes métalliques seront réutilisés autant que possible.
• La création d’un espace de stockage et de transformation des matériaux sur site : cet espace permettra le stockage, le tri et la transformation des matériaux issus de la démolition.
• La recherche des matériaux manquants, issus de filières de recyclages ou de proximité 

Cette ambition a été inscrite au pré-programme par Euroméditerranée. C’est une donnée d’entrée qui s’impose à la maîtrise d’œuvre qui sera retenue à l’issue du dialogue compétitif (revoir ici les étapes du projet). En revanche, ce sera à cette même maîtrise d'œuvre de mener un diagnostic précis pour identifier les matériaux sur site, et définir concrètement les solutions de réemploi à mettre en place. 

Donner une seconde vie aux matériaux déjà présents 

Les matériaux déjà sur place constituent une ressource précieuse mais sont aussi des témoins du passé industriel du site. Chaque élément sera diagnostiqué pour évaluer son potentiel de transformation et de réemploi. Ci-dessous des pistes potentielles qui seront précisées par la maîtrise d'œuvre :

• Pavés et revêtements : Les pavés pourront être réutilisés dans la conception des chemins et des zones piétonnes.
• Gravats et enrobés : Les gravats issus des démolitions seront transformés en sous-couches de sol pour éviter l’utilisation de nouvelles matières.
• Rails de voies ferrées : Les rails pourront trouver une nouvelle vie comme mobilier urbain ou éléments structurels.
• Mâts et structures métalliques : ils pourront être transformés en structures décoratives, ces éléments raconteront l’histoire industrielle du site tout en servant des fonctions pratiques dans le parc.

Les portiques métalliques et grues des entreprises encore actives il y a peu, ont été démontés lors de leur cessation d’activité et acheminés vers des filières de valorisation.

Ces potentiels de transformation seront étudiés en détail par la maîtrise d'œuvre, qui fera des choix de réemploi et les intégrera dans la conception du projet. 

Un espace de stockage, de transformation et de test directement sur site

Pour faciliter le réemploi de ces anciens matériaux, un espace de stockage et de retraitement sera mis en place sur le site. Il sera possible d’y conserver les terres, d’y démanteler les ouvrages ferroviaires, mais aussi de déconstruire les revêtements, transformer les matériaux le nécessitant. 

Ce lieu permettra d’une part un gain d’efficacité pour les entreprises de travaux et limitera les trajets, et donc le transport des gravats, mais aussi l’apport de nouveaux matériaux.  Il permettra aussi de gérer plus efficacement la temporalité du chantier, entre le moment où le matériau brut est disponible et le moment où il peut être réemployé. 

En plus de cet espace de stockage, un jardin d’expérimentation de 7 hectares permettra de tester les formes de réemploi des matériaux : palettes de revêtements, prototypes de mobiliers mais aussi plantations seront testés. 

Et quand les matériaux du site ne suffisent pas ?

En complément des opportunités que le réemploi offrira, il sera tout de même nécessaire de se fournir en matériaux supplémentaires. Raedivivia, le réseau des acteurs du réemploi en Provence Alpes-Côte-d’Azur dont Euroméditerranée est membre, a pour mission d’identifier des matériaux pouvant répondre à ces besoins. Cela sera précisé tout au long de la conception. 

Cette ambition de réemploi dans l’aménagement sera donc un sujet structurant tout au long de la conception même du projet, qui sera précisé dans les mois à venir par l’équipe de maîtrise d’œuvre désignée à l’issue du dialogue compétitif.

Vous avez une question sur la fabrique du projet ? N’hésitez pas à nous la transmettre pour un prochain épisode !

Sources 

[1] Annexe au pré-programme du parc des Aygalades, prescriptions techniques particulières. 2023. Euroméditerranée. 

[2] L’économie circulaire au service de la réhabilitation des friches, 2021, CEREMA

[3] Site de l'association raediviva https://raediviva.fr/